
Une pile de « vieux papiers » dans un grenier… mais un contenu à faire chavirer les esprits les plus sages ! La Bibliothèque municipale de Besançon lève le voile sur une découverte exceptionnelle : une correspondance inédite et passionnée entre le peintre Gustave Courbet et une aventurière parisienne, Mathilde Carly de Svazzema.
Sur les 116 lettres conservées, 36 ont été sélectionnées pour retracer l’histoire de la relation épistolaire complexe entre ces deux personnages.
Échangées entre novembre 1872 et avril 1873, elles sont restées secrètes pendant près de 150 ans en raison de leur caractère sexuel explicite. Au-delà de cet aspect, ces missives révèlent un Gustave Courbet jusqu’alors inconnu, à la croisée de l’art et du fantasme, entre réalisme et idéal, offrant aux chercheurs et aux amateurs une matière fascinante.
Le 20 de chaque mois, découvrez une nouvelle étape de cette correspondance ardente, à travers une sélection de lettres lues par Sébastien Barberon et Nadine Berland (compagnie Terraluna / Besançon).

Depuis Paris une jeune inconnue écrit en novembre 1872 à Gustave Courbet, à Ornans, où il est réfugié depuis mai. Elle s’appelle Mathilde Carly de Svazzema, se dit « tout aussi libre que l'air et aussi indépendante que l'Amérique en personne. »
Contre toute attente, le peintre répond, sans doute flatté. Qui plus est, Mathilde invoque « le grand, le beau, le sublime » amour.
Elle compatit aux peines de Gustave, l’invite à se confier, ce qu’il fait. Elle se livre à lui en victime d’un monde qui lui fait horreur ; frappée, comme lui-même, par le malheur, mais indifférente à l’argent.
Mathilde essaie de satisfaire sa curiosité : il voudrait qu’elle lui envoie son portrait photographique, car il ne l’a jamais vue. Dans un premier temps, lorsqu’il lui demande de lui dévoiler son intimité, elle conserve une réticence à se décrire :
« Je veux bien ne pas être ce qu'on appelle bégueule mais ne puis cependant me mettre à nu et me détailler moi-même en des points essentiellement délicats ! ».
Mais Gustave est appâté.