Depuis Paris une jeune inconnue écrit en novembre 1872 à Gustave Courbet, à Ornans, où il est réfugié depuis mai. Elle s’appelle Mathilde Carly de Svazzema, se dit « tout aussi libre que l'air et aussi indépendante que l'Amérique en personne. »
Contre toute attente, le peintre répond, sans doute flatté. Qui plus est, Mathilde invoque « le grand, le beau, le sublime » amour.
Elle compatit aux peines de Gustave, l’invite à se confier, ce qu’il fait. Elle se livre à lui en victime d’un monde qui lui fait horreur ; frappée, comme lui-même, par le malheur, mais indifférente à l’argent.
Mathilde essaie de satisfaire sa curiosité : il voudrait qu’elle lui envoie son portrait photographique, car il ne l’a jamais vue. Dans un premier temps, lorsqu’il lui demande de lui dévoiler son intimité, elle conserve une réticence à se décrire :
« Je veux bien ne pas être ce qu'on appelle bégueule mais ne puis cependant me mettre à nu et me détailler moi-même en des points essentiellement délicats ! ».
Mais Gustave est appâté.